Le téléfilm en deux parties Niños robados de telecinco a été acheté par le groupe M6 pour être diffusé sur plusieurs de leurs chaines puis via leur système de replay. Inspiré de faits réel, il lève le voile sur un scandale espagnol qui est encore à ce jour un sujet délicat.
Niños robados, les enfants volés en français est une mini-série de deux épisodes. L’histoire du projet remonte à juin 2012, la chaîne de télévision espagnole Telecinco annonce qu’elle travaille sur une fiction centrée sur le scandale des enfants volés dans les années 1970. A l’époque, la production est influencée par l’affaire Soeur Marie, une religieuse accusée d’avoir volé des bébés dans des maternités madrilène pour les revendre à des couples aisés de la haute société. D’ailleurs, le téléfilm reprend la même thématique.
Espagne, 1974. Pressées par leur famille et la morale de l’époque, Violeta et Conchita, deux jeunes femmes enceintes qui ne se connaissent pas quittent leur proche pour tenter de trouver une solution à leur situation. L’une se réfugie dans une congrégation de religieuses, l’autre dans un hospice, pour cacher leur grossesse à la société et trouver une solution pour continuer à vivre. Elles ignorent que ces âmes charitables ont en réalisé un objectif précis en les accueillants : les faire renoncer à leurs enfants respectifs. Pourtant, Violeta et Conchita sont bien décidées à garder leur petites filles à leurs naissances. Elles sont alors toutes deux victimes du docteur Mena, à la tête d’un réseau d’adoptions illégales, et se font voler leurs bébés. De leur côté, Ricardo et Elisa souhaitent adopter un enfant en secret et font appel au docteur Mena… Soeur Herminia une sage femme de la congrégation commence à avoir des doutes face au nombre anormalement élevé d’enfants morts-nés.
30 ans ont passé. Susana, la fille adoptée par Ricardo et Elisa, est elle-même jeune maman et commence à s’intéresser à ses origines. Malgré le silence de ses parents, ses recherches la conduisent à Conchita et aux autres femmes dont les enfants ont été volés par le Docteur Mena et Sœur Eulalia. Violeta, elle, a eu un autre enfant et a fait le deuil de sa fille présumée morte. Les questions de Susana vont réveiller ses vieilles blessures…
L’histoire se veut volontairement généraliste dans le choix des personnages pour coller au maximum avec la triste réalité de l’époque. Les femmes ayant des enfants hors mariages étaient en effet, rejetées par la société. C’est une thématique qui ressort régulièrement tout au long des deux épisodes comme lorsque Conchita se rend à la police pour porter plainte et que l’un des agents lui conseille de revenir avec son mari si elle veut être écoutée. Les bonnes soeurs et notamment soeur Eulalia qui est chargée de trouver des jeunes filles enceintes ne montre aucun signe de remords sur le fait d’avoir fait croire à ses mères célibataires que leurs enfants n’avaient pas survécu à l’accouchement, prétextant agir au mieux pour leur avenir.
Ce qui ressort aussi est l’aspect financier de ce trafic où un être vivant est considéré comme une vulgaire marchandise. Le médecin va même jusqu’à délivrer un reçu en guise de « bon de livraison ». Ce téléfilm ne ménage pas cette période très difficile de l’histoire d’Espagne même si le côté politique n’est pas évoqué au profit de l’humain. Il tente de démontrer que ce « marché » se faisait en quelques sorte à la vue de tous sans que quelqu’un ne proteste ou ne vienne en aide à ces mères sans défense face à la société. Cet aspect est d’autant plus frappant avec le personnage de soeur Herminia. Cette jeune soeur sage femme est au coeur de l’intrigue, elle voit les choses sans vraiment les voir et fini par reconnaitre qu’elle a préféré ne pas savoir par peur d’affronter la réalité.
Côté casting, il est très réussit et parfois surprenant. On retrouve dans le rôle de l’abominable mère supérieur Eulalia l’actrice Blanca Portillo (Chiringuito de Pepe) qui interprète ici avec talent un personnage très sombre et froid. A ses côtés, Silvia Marty (Un dos tres) qui étonne dans son rôle de bonne soeur bien loin du personnage d’Ingrid qui l’a fait connaitre avec la série Un dos tres. Elle est métamorphosée en femme âgée pour le second épisode.
Pour la première partie Violeta est interprétée par Macarena Garcia connue à travers le monde avec le rôle de Blanche Neige dans le muet BlancaNieves et Conchita Nadia de Santiago actuellement dans la série Amar es para siempre. Pour le personnage de Susana l’enfant volé, on retrouve Adriana Ugarte (El tiempo entre costuras, La Señora, Habitaciones cerradas) que vous découvrirez prochainement dans Silencio le dernier film de Pedro Almodovar. Patrick Criado (El Rey, Mar de Plastico) qui joue son demi-frère.
Ce scandale n’a pas fini d’inspirer les chaînes de télévisions. Après telecinco, Antena 3 a sorti Historias robadas avec Rodolfo Sancho ( Isabel) et dernièrement la série Sin Identidad avec Megan Montaner et Miguel Angel Munoz (un dos tres)
Diffusé cet été sur M6 puis tardivement le 14 novembre sur 6ter, le téléfilm est désormais disponible en replay. L’occasion de découvrir voir de redécouvrir cette histoire poignante qui ne vous laissera pas indifférente.
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