Solo est l’ultime oeuvre du réalisateur Artemio Benki. Le cinéaste décédé en 2020 a présenté ce film documentaire un an auparavant à l’Acid. Un long-métrage en immersion auprès d’un artiste schizophrène qui souhaite se réinsérer.
Réalisateur, scénariste et acteur, Artemio Benki était un artiste complet reconnu principalement pour ses compétences de producteur de fictions, mais aussi de documentaires. Solo met en avant ses talents derrière la caméra et aborde un sujet parfois tabou : les troubles psychiatriques.
Solo, un artiste à l’histoire tourmentée :
Martin est un jeune pianiste virtuose et compositeur argentin. Depuis sa dépression, il y a 3 ans, il est l’un des patients du BORDA, le plus grand, notable, mais aussi controversé hôpital psychiatrique d’Amérique Latine. Cet enfant prodige et l’un des plus prometteurs talents de sa génération tente maintenant de faire face à sa maladie, et peut-être sortir des murs de l’asile en créant et composant sa prochaine œuvre, “Enfermaria”.
Solo vous propose donc de vous immerger dans le quotidien de ce pianiste argentin. Martin Perino était considéré comme l’un des musiciens les plus talentueux de sa génération. Toutefois, la pression qui a été exercé sur lui depuis son plus jeune âge a causé sa perte. Atteint de schizophrénie, la musique est pour lui une forme d’échappatoire. Son retour à la musique doit l’emmener à revenir à une vie plus normale mais, comment se réinsérer dans un monde qui ne vous comprend pas?
La genèse du projet :
Artemio Benki a fait la connaissance de Martin Perino alors que ce dernier était déjà interné dans cet hôpital. À l’époque, une écrivaine française en visite à Bueno aire l’a entendu jouer et en a parlé au producteur et réalisateur. L’histoire l’a tellement touché qu’il a à son tour fait le voyage jusqu’en Argentine pour aller à sa rencontre. Plus qu’un film, les deux artistes ont noué une véritable amitié. Le réalisateur a ainsi expliqué :
« Ce qui m’a intéressé dans sa trajectoire c’est le fait qu’il dessine tout en la traversant une frontière entre le dedans et le dehors de l’hôpital. Martín cherche à trouver sa place. C’est, en point d’orgue, dans le monde intermédiaire qu’il crée, entre « folie » et « normalité » que Martín dessine l’espace dans lequel il peut vivre. Car la problématique de Martín interroge cette frontière entre normalité et anormalité. »
Allociné
Toutefois, le tournage fut loin d’être évident. Étalé sur trois ans, le film et son réalisateur sont devenus un véritable support émotionnel pour le pianiste. Entre périodes sombres et amélioration de son état, l’oeuvre faisait pleinement partie de sa thérapie.
La critique de la rédaction :
Solo est un documentaire intimiste qui nous immerge dans cet univers très particulier. On sent la volonté du réalisateur de ne pas interférer dans le quotidien. Son objectif : laisser place à une vision réelle et impartiale des événements. Toutefois, le documentaire est à de rares occasions mis en scène. De ce fait, certaines séquences nous donnent la sensation d’être dans une fiction. Un sentiment renforcé par l’absence de voix off. Sans entrer dans les détails des traitements, on découvre la participation active des patients à la thérapie de leurs semblables. En effet, Martín aide les autres à nouer au lien au travers de sa musique attendant de se réinsérer dans la société.
En résumé, Solo est le portrait d’un artiste et en quelques sortes du réalisateur qui a noué un fort lien que l’on ne peut que ressentir en découvrant le film. Il nous offre un questionnement sur nous-même, notre fragilité et nous questionne sur notre rapport aux les maladies mentales.
Solo est à découvrir dans les salles françaises dès le 30 juin.