Olympo : aussitôt diffusée, aussitôt renouvelée pour une saison 2. Que vaut la série choc de Netflix ?

À peine sortie, déjà renouvelée. Moins de quinze jours après sa mise en ligne sur Netflix, Olympo décroche une saison 2. La série, imaginée par les producteurs d’Élite, s’est rapidement hissée dans le top 10 mondial grâce à un cocktail explosif : sport, sexe, secrets et trahisons sur fond de dopage. Un storytelling choc, calibré pour frapper fort auprès d’une cible jeune et hyperconnectée.

Olympo : aussitôt diffusée, aussitôt renouvelée. Que vaut la série choc de Netflix ?
Olympo : aussitôt diffusée, aussitôt renouvelée. Que vaut la série choc de Netflix ?

Mais derrière ce succès express, une question se pose : que signifie ce type de programme pour les productions en espagnol ? Et surtout, Olympo, on zappe ou on mate ? Voyons ça ensemble.

Netflix a compris une chose essentielle : les fictions espagnoles ont un super-pouvoir. Celui de parler directement aux ados, de capter leur attention, de comprendre leurs contradictions, leurs désirs, leurs luttes. Et pour arriver à cette conclusion, la plateforme a dû expérimenter. Élite a été l’un de ses coups de maître, fidélisant une génération que la télévision linéaire avait déjà perdue.

La trilogie A través de mi ventana a confirmé l’attachement à des récits adolescents intenses, rythmés, portés par des visages nouveaux. Mais il manquait une pièce au puzzle : une série qui s’adresse à cette génération avec un nouveau décor, de nouveaux enjeux. La série qu’on a envie de regarder quand on est au lycée, même si on ne sait pas trop pourquoi. Et cette série, Netflix semble l’avoir trouvée avec Olympo.

Olympo : la petite soeur sportive d’Elite

Avec ses épisodes rythmés, son esthétique léchée et son enchaînement de rebondissements, Olympo reprend les recettes qui ont fait le succès d’Élite et les transpose dans un univers sportif. Les codes sont clairs : intrigues adolescentes, tensions sexuelles omniprésentes, réseaux sociaux omniprésents. Le tout, servi par une réalisation dynamique, prête à générer des extraits viraux sur TikTok.

Synopsis : La crème des athlètes s’entraîne au centre d’excellence sportive Pirineos, parmi lesquels Amaia, la capitaine de l’équipe nationale de natation synchronisée qui vise la perfection et ne tolère pas la moindre erreur. Mais le jour où sa coéquipière et meilleure amie Núria la surpasse pour la première fois, Amaia s’aperçoit que les performances de certains athlètes s’améliorent de façon inexplicable… Après avoir poussé leur corps au bout de ses limites et sacrifié leur vie au sport, ces sportifs d’élite sont face à un dilemme : jusqu’où sont-ils prêts à aller ?

Olympo vous propulse dans un centre de jeunes sportifs qui visent tous les Jeux Olympiques quittent à parfois mettre leur vie en danger. Mais derrière l’emballage pop et provocant, on décèle surtout une stratégie de contenu ultra-ciblée. En tant que média spécialisé dans les fictions hispaniques, on observe une tendance croissante à concevoir des formats qui répondent avant tout à des impératifs algorithmiques : capter l’attention dès les premières minutes, provoquer des réactions immédiates, et s’assurer une visibilité maximale sur la plateforme.

Un casting entre clichés assumés et immersion physique

Côté personnages, difficile de ne pas penser immédiatement à Élite. Clara Galle incarne une jeune fille issue d’un milieu favorisé, écrasée par les attentes familiales et la pression du résultat. On retrouve aussi les figures habituelles du teen drama : l’homosexuel qui se cache, l’autre qui revendique haut et fort son identité, ou encore Nira Oshaia qui a son premier grand rôle celui de la jeune fille venue d’un quartier défavorisé, repérée par un sponsor, et prête à tout pour justifier l’investissement placé en elle. Des archétypes qui fonctionnent… mais qui manquent parfois de nuances.

On peut s’étonner que ce schéma narratif — déjà largement exploité dans les séries adolescentes — soit à ce point reproduit, avec simplement un décor sportif en toile de fond. Car oui, Olympo, c’est Élite en version terrain d’entraînement.

Mais là où la série marque tout de même des points, c’est dans l’implication physique de ses comédiens. Le casting jeune s’est visiblement préparé intensivement, et plusieurs acteurs ont confié avoir suivi des sessions d’entraînement sportives poussées pour rendre crédible leur rôle d’athlète de haut niveau. Cette immersion apporte une certaine authenticité à l’ensemble, malgré une direction parfois caricaturale.

Ce que dit Olympo des tendances actuelles

Le succès d’Olympo ne doit rien au hasard. Il reflète une évolution profonde dans la manière de produire et de vendre des séries espagnoles à l’international. On assiste à une standardisation des formats, pensée pour répondre à des attentes globales : narration rapide, visuel attractif, sujets chocs.

Pour les producteurs, ce type de série représente une opportunité d’exportation forte, mais soulève aussi des questions : jusqu’où peut-on aller dans la provocation sans sacrifier l’originalité ? Quelle place reste-t-il pour des fictions plus nuancées, plus locales, voire plus risquées artistiquement ?

Olympo est clairement un produit de son époque. Une série conçue pour performer vite, capter l’attention, alimenter les réseaux. Oui, elle polarise. Oui, elle joue avec les excès. Mais est-ce vraiment un problème ? Pas forcément. Il y a des séries qui touchent par leur finesse, d’autres par leur énergie brute. Et Olympo, à sa manière, fait partie de cette seconde catégorie.

Verdict : on mate… mais avec un regard critique

Soyons honnête : j’ai eu du mal à entrer dans l’univers dès le premier épisode. On enchaîne les scènes de sexe dès les premières minutes, parfois au détriment de la narration. Le choc visuel semble primer sur la construction des personnages et c’est ce que j’avais reproché à Elite. On a le sentiment de vouloir choquer pour buzzer et au final on se retrouve avec des enchaînements de scènes de sexe et on se pose la question : était-ce nécessaire? Dans certains cas, c’est la suite de la narration alors que dans d’autres, on sent clairement que la série veut marquer les esprits dès le départ, mais cela peut donner une impression de superficialité.

Heureusement, l’intrigue principale se met réellement en place à la fin de l’épisode 2, avec l’introduction d’un enjeu plus fort : un scandale de dopage au sein d’une équipe sportive d’élite, et les conséquences que cela pourrait avoir sur la réputation du groupe. Là, la tension narrative commence à fonctionner. On entre enfin dans un thriller plus structuré, qui interroge sur les sacrifices que chacun est prêt à faire pour préserver les apparences. Même moi qui en toute sincérité avait envie de lâcher, j’ai eu envie de continuer pour savoir la suite.

Loin d’être un programme bas de gamme, la série témoigne d’une vraie maîtrise technique. L’image est soignée, le rythme soutenu, le suspense efficace. Et si l’on met de côté cette volonté un peu systématique d’hypersexualiser pour faire parler, on découvre un mystère sous-jacent qui tient plutôt bien la route, notamment autour du dopage dans le milieu sportif. Un thème rarement abordé dans la fiction ado, et qui mérite d’exister à l’écran. D’ailleurs, le vrai défi aujourd’hui, c’est de créer des fictions jeunesse capables de parler aussi à d’autres générations, d’ouvrir des passerelles.

Ni una más en est l’exemple parfait. Portée par deux figures ultra-populaires, Nicole Wallace et Clara Galle, la série abordait un sujet de fond — le consentement et les violences sexistes — avec intelligence, sans perdre son impact viral. Un vrai message, derrière une forme accrocheuse.

C’est aussi par ce genre de séries que des langues peuvent se délier, que certains jeunes peuvent se reconnaître ou se questionner. Parce que même si les archétypes sont parfois poussés à l’extrême, ils traduisent des réalités, des malaises, des tensions bien actuelles.

Finalement, Olympo remplit son contrat : elle capte l’attention, crée le buzz, et s’installe rapidement dans les conversations. Mais elle laisse aussi un goût d’inachevé pour les spectateurs en quête de profondeur. C’est un produit de son époque, pensé pour performer rapidement, quitte à polariser. Et au fond, même si ce n’est pas une série qui « vole très haut », elle assume son ambition : faire du bruit. Et dans une stratégie de plateforme, c’est parfois tout ce qu’on demande.

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