Los Perros, Marcela Said s’interroge sur la place de la femme au Chili

La semaine de la critique est le refuge du cinéma Latino durant ce Festival de Cannes. En effet, la compétition compte trois films issus de l’Amérique Latine en plus du Festival Morelia.

En ce début de compétition, c’est Los Perros, un film Chilien qui a ouvert cette 56 ème édition !

Los Perros est le dernier long-métrage de la cinéaste Chilienne Marcela Said. Pour ce film, le moins que l’on puisse dire est que la réalisatrice a pris des risques. En effet, elle a mêlé avec finesses plusieurs sujets tabous dans son pays. D’ailleurs, c’est pour cette raison que la jeune femme a eu du mal à trouver des financements.

Los Perros, une histoire qui semble en apparence classique…

Synopsis : Mariana, une quadragénaire issue de la haute bourgeoisie chilienne, est enfermée dans le rôle que son père, puis son mari, ont toujours défini pour elle. Elle éprouve une étrange attirance pour Juan, son professeur d’équitation de 60 ans, ex-colonel suspecté d’exactions pendant la dictature. Mais cette liaison réprouvée ébranle les murs invisibles qui protègent sa famille du passé.

A la lecture du synopsis, nous étions loin de nous attendre à un film aussi surpenant. En effet, au premier abord, Los Perros semblait être une histoire d’amour passionnelle autour de l’infidélité. Finalement, on est bien loin des clichés passionnels auxquels nous nous attendions et c’est tant mieux. Effectivement, ce film est plutôt un appel au féminisme au travers du quotidien d’une femme qui se perd. Marina navigue en eaux troubles, comme elle le peut, affrontant le chaos pour trouver sa voie et ne faisant pas toujours les meilleurs choix. Le monde de Mariana est complexe. Au travers de ses yeux, nous pénétrons dans la haute société chilienne, une société marquée par la violence et le déni de ses responsabilités concernant l’établissement de la dictature, sa perpétuation, et les crimes commis. D’ailleurs, Marcela Said a déclaré :

J’ai toujours aimé traiter les nuances, les gris. La ligne qui sépare le bien du mal est plus fine qu’on ne l’imagine. Cette ligne, c’est celle du Colonel bourreau et de Juan le sauveur, un seul et même personnage pour entremêler le crime et la rédemption, le désir et la répulsion, la douleur et l’extase. C’est celle de tous les personnages du film – le père castrateur et protecteur, le mari aimant et tortionnaire, le policier salvateur et manipulateur.

Le passé du Chili bien présent dans les esprits qui fait face à une puissance bourgeoisie.

Los Perros, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre entre une élève et un professeur d’équitation. Ces choix sont inspirés de la vie personnelle de la cinéaste. En effet, c’est la rencontre avec un Juan Morales Salgado, ex-colonel de l’armée qui était, à ce moment-là, maître d’équitation dans un centre équestre proche de Santiago qui a inspiré ce récit.  Le contexte du film est celui d’un pays gagné par une violence sourde, où les quarantenaires bien-nés qui entourent Mariana méprisent la junte militaire salie par les affaires, tout en fermant les yeux sur les origines de leur propre prospérité.

Si les militaires ont été traduits en justice pour leur rôle sous la dictature, les classes dirigeantes qui ont soutenu Pinochet et se sont enrichies sous sa tutelle, ont jusque-là toujours été blanchies a déclaré Marcela.

Nos avis :

Los perros n’était pas le film que l’on s’attendait à voir. Finalement, le résultat est surprenant. Le contexte historique est présent voir pesant, mais n’occupe pas l’histoire dans son intégralité. Au delà, du passé douloureux du Chili, on s’intéresse aussi à son présent ainsi qu’à la place des femmes dans la société. Ainsi, nous sommes face à une Marina interprétée par Antonia Zegers qui est entourée par des hommes qui tentent jours après jours de lui dicter sa conduite. Ainsi, une femme n’a pas besoin de travailler, doit s’occuper de sa maison, de son mari… Bref une triste place pour le sexe féminin et la fin malheureusement n’arrangera pas les choses. Quelles sont les limites à franchir pour s’émanciper?

En tout cas, pour un début de compétition, le niveau est déjà élevé ! Rendez-vous ici pour découvrir notre entretien avec la réalisatrice.  

Le film sera projeté le 10 juin dans le cadre de la reprise parisienne de la semaine de la critique. 

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