Disponible depuis le 11 avril sur Netflix, El Jardinero est une série espagnole aussi sombre que troublante, qui brouille les frontières entre amour, violence et absence d’émotion.
Cette fiction dérangeante laisse le public perplexe. Entre ceux qui ont aimé et ceux qui ont détesté, difficile de trancher, mais tout le monde s’accorde sur une chose : l’interprétation d’Álvaro Rico ne laisse personne indifférent. Comment le comédien a t’il réussi à prendre possession d’Elmer?
El Jardinero pose un dilemme profond : faut-il vivre sans ressentir ou mourir en ayant enfin accès aux émotions ? Cette série poétique, presque sadique par moments, explore les tensions intimes les plus extrêmes.
El jardinero, un jardin d’ombres et de sentiments
À l’évocation du nom du scénariste, le ton est donné. Miguel Sáez Carral, déjà à l’origine de la percutante Ni una más en 2024, signe ici un thriller psychologique sombre et romantique. El Jardinero s’inscrit dans cette veine des séries espagnoles qui dérangent, fascinent, et laissent des traces.
Synopsis : Elmer, un jeune homme incapable de ressentir la moindre émotion depuis un accident d’enfance. Sous l’emprise de sa mère, La China Jurado, il travaille dans une jardinerie qui cache une activité bien plus sinistre : celle de tueurs à gages. Mais tout bascule le jour où il doit assassiner Violeta, une institutrice. Contre toute attente, Elmer tombe amoureux. Un déclic d’émotion qui remet en cause tout l’ordre établi.
À l’image de You, la série joue avec la figure de l’anti-héros, mais va bien plus loin. Elmer ne ressent rien. Il agit sous l’influence d’une mère toxique, dans un monde à la fois cruel et poétiquement mis en scène. Le contraste est déroutant, presque hypnotisant.
Composée de six épisodes, la série mise sur une narration lente, des silences chargés de sens et des regards qui en disent plus long que les dialogues. C’est un récit de tension contenue, de douleurs muettes et de quêtes impossibles.
Une interprétation glaçante d’Elmer par Álvaro Rico
El Jardinero repose en grande partie sur son casting, en particulier Álvaro Rico (Elite, Alba) et Cecilia Suárez (La casa de las flores). Dans le rôle d’Elmer, Rico incarne un personnage mutique, aux gestes calculés et au regard troublant.
« Elmer a été un défi très grand que j’ai aimé relever. Être propulsé dans une histoire comme celle-ci, c’est lourd. Je ne savais pas comment le traiter. Comment est une personne qui ne ressent rien ? Ma seule chance a été d’avoir du temps pour bien me préparer. Je me suis intéressé au syndrome d’Asperger et j’étais très curieux », explique-t-il.
Alvaro Rico lors de l’émission eh!
Sa froideur apparente ne coupe pas le lien avec le spectateur. Bien au contraire, elle attire une forme d’empathie inattendue.
« Il y a des personnages que je déteste parce qu’ils sont mal, et il me semble qu’ils sont construits d’une manière brillante. Et en tant qu’acteur, ce sont les meilleurs à interpréter. Ce qui est surprenant, c’est qu’une partie du public va éprouver de l’empathie. »
Alvaro Rico lors de l’émission eh!
Cecilia Suárez, souvent associée à des rôles plus légers, surprend dans le rôle de La China Jurado. Figure autoritaire, glaciale et toxique, elle dirige la vie de son fils comme un marionnettiste. Et quand Elmer commence à éprouver des émotions, c’est tout son système de contrôle qui vacille. En parallèle de cette relation mère-fils malsaine, se dessine une histoire d’amour inattendue. Violeta, incarnée par Catalina Sopelana, apporte un souffle de douceur à cet univers oppressant.
« Ils ont construit ce personnage et en tant qu’acteur on doit naviguer autour. J’interprète une femme qui tombe amoureuse d’un homme bizarre, car il faut reconnaître qu’Elmer est un homme étrange, avec un côté assez infantile et très tendre », confie l’actrice.
Catalina Sopelana lors de l’émission eh!
El Jardinero pose aussi un dilemme profond : faut-il vivre sans ressentir ou mourir en ayant enfin accès aux émotions ? Le personnage principal, confronté à ce choix, illustre les luttes intérieures humaines dans leur forme la plus brute.
La critique de la rédaction :
La réalisation d’El Jardinero impressionne aussi par son ambiance visuelle. Chaque plan semble construit pour renforcer la tension et l’étrangeté. Álvaro Rico incarne Elmer avec une précision quasi chorégraphique, sa gestuelle minimaliste traduisant son monde intérieur fragmenté.
El Jardinero s’impose comme une œuvre singulière dans le paysage des séries espagnoles. Un thriller psychologique déroutant, porté par des comédiens en état de grâce, qui explore les tréfonds de l’âme humaine avec une élégance brutale.
Idéal pour les amateurs de récits sombres, de personnages imparfaits, et d’histoires d’amour impossibles.
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