Le succès caché des fictions latines : pourquoi n’en parle-t-on pas ?

Après plus de 10 ans à écrire sur les films et séries en espagnol, un constat s’impose : pourquoi ne parle-t-on pas des fictions latines à succès ? Que ce soit sur les plateformes ou à la télévision, elles sont souvent reléguées au second plan, sans véritable mise en avant. Comment expliquer cette invisibilité ?

Le succès caché des fictions latines : pourquoi n'en parle-t-on pas ?
Le succès caché des fictions latines : pourquoi n’en parle-t-on pas ?

Analyse d’un contexte favorable pour les fictions latines mais d’une mentalité à revoir !

La Montée Ibérique est devenue la référence francophone des productions en langue espagnole. Depuis plus de 10 ans, nous couvrons l’actualité des films, des séries et des acteurs latinos. Ce média est né d’une observation simple : les productions latines sont nombreuses, elles rencontrent un grand succès, et pourtant… on en parle peu. Pourquoi sont-elles boudées ou négligées par les médias, ou peinent-elles à trouver un diffuseur en France ? Que vous soyez simple spectateur ou producteur, voici notre analyse du marché.

Cinema Latino = cinéma d’auteur?

Il y a plus de 10 ans, j’étais étudiante en journalisme, passionnée par l’espagnol, mais avec un problème : impossible de trouver un cours abordable. Ma solution ? Apprendre en ligne et perfectionner mon espagnol en regardant des séries ! Malheureusement, à l’époque, trouver des fictions latines en France étaient quasi mission impossible. Certes, le phénomène Un Dos Tres avait fait parler de lui, mais cela n’avait abouti qu’à des achats partiels et à des diffusions très discrètes. Netflix n’existait pas, et la VO était réservée aux séries en anglais.

Côté cinéma, mes options étaient limitées : Almodovar, Amenabar, Bunuel… Si je voulais voir un film d’Amérique latine, on me proposait Inarritu. C’était comme si le cinéma hispanophone se résumait aux œuvres d’auteurs. La Montée Ibérique n’a rien contre le cinéma indépendant, que nous soutenons activement, mais cette étiquette « auteur » ferme des portes. Les festivals eux-mêmes enferment souvent ces productions dans cette case, ce qui bloque l’accès à un public plus large qui se dit : ce n’est pas pour moi. Et si le public dit non, les diffuseurs en font de même…

Quand La Montée Ibérique a été lancée, nous avons trouvé notre audience très rapidement, pourtant les festivals nous boudaient. Pourquoi ? Parce que parler à la fois de Tres Metros Sobre el Cielo et d‘Almodovar était considéré comme un affront pour certains. Pire encore, notre public ressentait qu’il n’était pas à sa place. Malgré mon diplôme en journalisme et mon expérience media, je me suis vue refuser plusieurs demandes d’accréditation, ou bien on me surveillait de près lorsque je faisais une interview.

Je souriais et je sourie toujours car le Pedro Almodovar que tout le monde admirait avait à l’époque choisie une certaine Blanca Suarez en nouvelle Chica almodovar. Où avait-elle fait ses débuts? À la télévision dans les séries préférées de notre audience : El Internado et El Barco. Il a par la suite plébiscités des comédiennes comme Adriana Ugarte, Michelle Jenner ou plus récemment l’acteur Manu Rios. Où les a t’il trouvé? Télévision et plateformes… À l’époque, on profite du film d’Almodovar pour rencontrer Michelle Jenner et elle même est étonnée d’être reconnue en France vu que sa série phare Isabel n’a jamais eu de diffuseur…

En faisant ça, j’ai envie de vous dire que lui-même avait compris ce besoin de changement…

Pour les festivals mais aussi les distributeurs, films indépendants, cinéma populaire et séries étaient incompatibles alors qu’ils avaient déjà commencé à se mélanger . La vision trop réductrice que nous avons en France à ce sujet est un des freins majeurs qui bloque l’achat de programmes latinos. Prenons l’exemple de Mario Casas, qui jongle depuis des années entre films populaires et indépendants, avec une audience qui le suit dans tous ses projets. Si on ne change pas cette mentalité, on ne verra jamais davantage de diversité à l’écran.

L’objectif de La Montée Ibérique a toujours été de casser ces stéréotypes et de faire évoluer les mentalités et aujourd’hui on a notre place dans tous les festivals car même si les plus réticents ont cette vision réductrice, ils savent qu’à travers nous, ils toucheront une plus large audience.

Des fictions latines qu’on regarde sans diffuseur :

Je me revois, jeune journaliste passionnée par la culture latine, découvrir un fait intriguant : les séries espagnoles cartonnent en Europe de l’Est. Ce phénomène est fascinant à analyser, car il prouve que les fictions, peu importe leur langue, peuvent fonctionner à l’international. Les Américains l’ont prouvé en imposant leurs codes culturels via leurs séries, alors pourquoi les fictions latines peinent-elles à percer, alors que le potentiel est là ?

À l’époque, j’apprenais l’espagnol en regardant El Internado, et j’ai découvert que je n’étais pas la seule. Une véritable communauté s’était formée via Twitter, et puisque la série n’était pas diffusée en France, des fans traduisaient bénévolement tous les épisodes illégalement bien sur. Malgré ses 7 saisons et le lancement d’acteurs comme Yon Gonzalez, Ana de Armas et Martiño Rivas, la série n’a jamais trouvé de diffuseur en France ! Seul le concept a été acheté et ça été un échec car l’audience aimait le style, la réalisation, l’histoire et le casting pas la simple idée.

Quand j’évoque cette situation au MIPCOM auprès des vendeurs latinos, ils sourient et répondent : « On sait que le public regarde nos séries illégalement, mais elles n’ont pas trouvé preneur en France. Que faire ? » C’est vrai qu’un sujet sur une série inédite en France peut nous générer plus de vues qu’une fiction qui sort en prime-time…

Dans le cas de el internado, aucune chaine n’a cru en un potentiel qui était pourtant là et c’était frustrant car je peux vous dire qu’avec une bonne stratégie de communication, elle aurait pour avoir un succès équivalent à un dos tres. UPA avait ouvert la voie, mais n’a pas suffi à provoquer un changement structurel dans le marché français. Finalement le remake de El Internado a atterri sur Prime video.

Pourquoi les diffuseurs doutent du potentiel des fictions latines?

Les chaînes françaises répètent souvent la même chose : « Les acteurs ne sont pas connus en Europe, personne ne regardera une série non-américaine en prime time. » Alors, quand elles achètent une fiction latine, elles la relèguent sur une plateforme secondaire, sans réel investissement promotionnel.

Pourquoi ce comportement envers les fictions latines ?

Il y a d’abord le problème des quotas. Les chaînes françaises doivent respecter des quotas imposés par l’Arcom (ancien CSA), avec 60 % d’œuvres européennes et 40 % d’expression originale française. Mais même en respectant ces quotas, les séries espagnoles devraient pouvoir trouver leur place dans la catégorie européenne. Pourtant, les chaînes ne voient pas leur potentiel, persuadées que ces fictions ne parleront pas à leur public cible. C’est une erreur ! Notre audience prouve chaque jour que le public est bien plus ouvert que les décideurs ne le pensent et si cela ne suffit pas les plateformes ont fait des fictions latines un contenu à succès !

Changer cette mentalité nécessite de présenter les fictions latines sous un angle nouveau, avec une stratégie de communication adaptée. En résumer faire comprendre à un diffuseur qu’il sera parler à sa cible à travers elles.

Prenons l’exemple récent de Zorro :

Lorsqu’une série est achetée, elle n’obtient souvent pas la promotion qu’elle mérite. Prenons l’exemple récent de Zorro. Après une projection en avant-première au MIPCOM, la série est sortie discrètement sur M6 Plus, suivie d’une diffusion tout aussi timide sur W9. Pourtant, l’engouement du public était bien présent : notre article sur Zorro a été le plus consulté de cette période. Mais côté presse générale, silence radio. M6 a fait peu de promotion, alors même que les acteurs étaient venus en France un an auparavant pour faire parler de la série. Malgré cela, la série a eu une moyenne de 672 000 téléspectateurs.

Si j’avais pris en charge la communication autour de Zorro, j’aurais opté pour une avant-première parisienne, en capitalisant sur un atout de taille : le tout premier Zorro latino de l’histoire. C’est la première fois qu’il parle en espagnol ! J’aurais également organisé un press junket pour mettre en lumière ce projet unique. La série est sortie en même temps que la fin d’Élite, une opportunité parfaite pour créer un lien avec Miguel Bernardeau, qui s’est fait connaître grâce à cette série.

J’ai suivi Zorro pendant un an et je savais que l’audience l’attendait. D’ailleurs, plusieurs abonnés me réclamaient des interviews via des messages privés. Pour satisfaire cette demande, j’ai contacté directement l’agent d’une des actrices, et nous avons programmé une interview de Dalia Xiuhcoatl un an après la promotion initiale. On a choisi l’angle du Zorro féminin et la vision des fictions latines dans le monde. Les fans ont adoré, prouvant ainsi qu’une stratégie plus percutante aurait sans doute pu amplifier le succès de la série.

Un avenir pour les fictions latines en France :

Des plateformes comme Netflix ou Amazon Prime ont acquis une réputation de « découvreurs » de contenus étrangers. Les chaînes françaises, face à cette concurrence, peuvent être plus réticentes à promouvoir ce type de contenu qu’elles estiment moins différenciant pour leur propre offre.

Pour réussir à vendre des fictions latines aux chaînes françaises, il faut avant tout changer la présentation, montrer l’attrait de ces programmes et leur potentiel auprès d’un public cible lassé de l’offre traditionnelle. Si La Casa de Papel avait été achetée par une chaîne française, elle aurait certainement connu le même succès que sur Netflix. Idem pour La Reina del Flow. Mais pour cela, il faut amener les acheteurs à changer de perspective.

Avec plus de 10 ans d’expérience, La Montée Ibérique s’est imposée comme la référence francophone des productions latines. Nous accompagnons les producteurs qui souhaitent trouver un diffuseur en France en proposant des services sur mesure : stratégie de développement, communication ciblée, audits personnalisés et un partenariat média solide.

Nous aidons à décrypter les spécificités du marché français et à mettre en avant les fictions latines de manière efficace. La Montée Ibérique est votre fenêtre vers la francophonie. Une chose est sûre : vos séries ont un public en France et nous pouvons vous aider à mettre ce potentiel en avant.

Contactez-nous pour franchir cette étape décisive.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *