Triste nouvelle pour le septième art : l’actrice espagnole Vérónica Echegui est décédée le 24 août 2025 à l’âge de 42 ans, des suites d’un cancer. Son nom n’était peut-être pas toujours immédiatement connu du grand public, mais son visage, lui, était familier. Car depuis le début des années 2000, elle n’a cessé d’apparaître à l’écran, aussi bien au cinéma que dans de nombreuses séries, en Espagne comme à l’international.
Vérónica Echegui faisait partie des visages les plus emblématiques du cinéma espagnol de ces dernières années.Révélée en 2006 par Yo soy la Juani de Bigas Luna, elle s’est rapidement imposée comme une comédienne intense, capable d’incarner des personnages profonds et complexes.Au fil des ans, elle a alterné entre films d’auteur et projets plus grand public, tout en trouvant une place naturelle dans les séries télévisées, qui lui ont permis d’élargir son public. Ce qui marquait chez elle, c’était cette capacité à passer de la fougue d’une héroïne de banlieue à la fragilité d’une femme en quête de sens, en incarnant toujours des personnages pleins de vérité.
Une carrière riche entre cinéma et séries
Récompensée et saluée à plusieurs reprises, Vérónica Echegui a marqué le cinéma espagnol par des rôles intenses et inoubliables. Dès son rôle dans Yo soy la Juani (2006), elle impose son talent. Réalisé par Bigas Luna, le film raconte l’histoire d’une jeune femme de banlieue qui rêve d’une vie meilleure. L’énergie brute, la colère et la sensibilité qu’elle y déploie lui valent une nomination au Goya de la meilleure actrice révélation. Beaucoup y ont vu l’éclosion d’un nouveau visage du cinéma espagnol, capable d’incarner toute une génération en quête d’avenir.
Elle confirme ensuite avec El patio de mi cárcel (2008), où elle interprète une détenue au tempérament rebelle, et Katmandú, un espejo en el cielo (2011), tourné au Népal, où elle prête ses traits à une enseignante engagée dans l’humanitaire. Deux rôles qui traduisent son goût pour des personnages forts, souvent en marge, qui l’ont conduite à d’autres nominations aux Goya. En 2020, elle surprend encore dans la comédie musicale Explota Explota, démontrant sa capacité à passer d’un registre dramatique à un univers plus léger, sans perdre de sa présence.
Seis puntos sobre Emma, un rôle marquant
Parmi tous ses films, un rôle restera pour moi particulièrement inoubliable : Seis puntos sobre Emma (2010). J’ai découvert ce film presque par hasard, un soir, sur Arte. Vérónica y incarne une jeune femme aveugle, déterminée à devenir mère malgré les obstacles.Son interprétation m’avait profondément marquée : tellement juste que je croyais vraiment qu’elle était malvoyante. Ce mélange de fragilité et de force donnait au personnage une vérité bouleversante. Ce soir-là, j’ai voulu en savoir plus sur elle, convaincue d’avoir découvert une actrice rare.
Ce rôle intense et nuancé a marqué un tournant dans sa carrière, mais il a aussi transformé sa vie personnelle. C’est en effet sur ce tournage qu’elle rencontre Álex García, l’un de ses partenaires à l’écran. De la complicité née devant la caméra est née une véritable histoire d’amour, qui s’est prolongée bien au-delà du film. Discrets mais inséparables, Verónica et Álex sont ainsi devenus l’un des couples les plus solides et admirés du cinéma espagnol, mêlant intimement destin professionnel et vie personnelle.
Un visage familier pour le public français grâce au streaming
Si les cinéphiles français la connaissaient déjà à travers certains festivals ou films diffusés en télévision, le grand public a découvert Vérónica Echegui un peu plus tard. Ce n’est pas le cinéma d’auteur qui l’a révélée en France, mais les plateformes de streaming.
Sur Netflix, elle apparaît dans Apaches (2017), un polar sombre et addictif qui l’a fait connaître à un public plus large. Si la série n’est malheureusement plus disponible sur la plateforme, elle reste l’une des premières dans laquelle le public français a pu la découvrir. En 2022, elle est à l’affiche de Intimidad, fiction remarquée pour sa réflexion sur la vie privée et les scandales médiatiques, un rôle qui lui vaut une distinction aux Prix Platino.
En 2020, elle se distingue aussi dans la comédie Orígenes secretos, aux côtés de Javier Rey. Une histoire autour des super-héros qui démontre sa capacité à s’illustrer dans des registres plus légers et grand public, loin des seuls drames intimistes. Puis en 2023,, elle confirme son éclectisme en intégrant la fresque historique Los pacientes del doctor García (2023), où elle démontre une nouvelle fois sa capacité à se réinventer.
Enfin, en 2025, le public aura eu l’occasion de la retrouver une dernière fois dans AmourT, une série Apple TV au ton audacieux. Elle y incarne une femme prise dans les complexités d’un triangle amoureux moderne, oscillant entre passion, désir et introspection. Un rôle qui résonne comme une mise en abîme de son talent : celui de donner à chaque personnage une profondeur émotionnelle singulière, capable de toucher le spectateur bien au-delà de l’écran.
Veronica Echegui n’a jamais cherché à occuper la lumière en dehors des plateaux. Je me souviens l’avoir croisée au Festival Canneseries, où elle accompagnait Alex García lors de la présentation de El inmortal. Fidèle à elle-même, elle s’était montrée extrêmement discrète, presque en retrait. C’est sans doute ce mélange de pudeur et de passion pour son métier qui fait d’elle une figure si respectée : une actrice qui, jusqu’à AmorT en 2025, a préféré laisser ses personnages parler pour elle.
