Chaque vendredi soir, Une affaire privée débarque sur 6ter, la chaîne du groupe M6, après avoir été diffusée en exclusivité sur Prime Video. Cette série espagnole a comme un petit air de Grand Hôtel, et de Las Chicas del Cable. Et pour cause : derrière la caméra, on retrouve les mêmes créateurs qui ont signé certains des plus grands succès du petit écran espagnol. On vous explique pourquoi.

Si l’on devait citer quelques-unes des séries espagnoles romantiques et élégantes qui ont marqué la dernière décennie, Grand Hôtel, Las Chicas del Cable ou encore Velvet arriveraient immédiatement en tête. Leur point commun ? Elles portent toutes la signature de Bambú Producciones, société de production espagnole devenue incontournable à partir des années 2000.
Avant même l’essor des plateformes, Bambú savait déjà créer des fictions calibrées pour plaire au public national… et séduire les diffuseurs internationaux. Avec Une affaire privée, la société a choisi de s’aventurer sur un terrain plus policier, tout en conservant les ingrédients qui ont fait son succès : des personnages charismatiques, une esthétique soignée et un rythme feuilletonnant.
Une affaire privée : une héroïne féministe dans un univers policier rétro
Initialement produite pour Prime Video, Une affaire privée bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle vie grâce à un accord de diffusion entre M6 et la plateforme d’Amazon. Un deal qui permet à Une affaire privée de toucher un public plus large en étant proposée gratuitement sur 6ter pendant l’été.
Un asunto privado de son titre originale est une fiction de 8 épisodes sorties en 2022 en Espagne puis sur la plateforme. À l’époque, elle est perçue comme une grosse production qui bénéficie d’une avant-première et de tout un panel promotionnel. Il faut dire que Bambu a réussi à convaincre Jean Reno, le poids lourd du cinéma français de travailler sur une de leurs séries et ça en Espagne, ça ne passe pas inaperçu.
Synopsis : L’histoire nous emmène à la fin des années 1940. Marina Quiroga (Aura Garrido), jeune femme issue de la haute société, découvre le corps d’une prostituée assassinée. Échappant de justesse au tueur, elle décide de mener sa propre enquête. Problème : son frère Arturo, commissaire de police, refuse de l’impliquer. Déterminée, Marina s’associe à son majordome, Héctor (Jean Reno), pour traquer un tueur en série. Ensemble, ils affrontent les préjugés sexistes de l’époque et les dangers de leur enquête, dans un mélange de suspense, d’humour et d’élégance.
Une affaire privée : un duo audacieux qui crée le buzz en Espagne
“Marina est une femme qui refuse les limites que lui impose la société. Elle veut être détective, et elle le sera, même si elle doit le faire seule”
Aura Garrido lors de la sortie de la série au média Infobae
Une affaire privée a fait grand bruit en Espagne grâce à un duo inattendu : Aura Garrido et Jean Reno. Elle, star montante du cinéma et de la télé espagnole avec un parcours marquant ; lui, icône française, prêt à surprendre dans un genre nouveau.
Difficile de présenter encore une fois Aura Garrido tant elle fait partie du paysage audiovisuel espagnol. Le public français l’a découverte dans Le Ministère du Temps, et certains se souviendront aussi de son duo avec Mario Casas dans une série Netflix (El Inocente). En Espagne, elle enchaîne depuis plus de dix ans les succès, passant avec aisance de la série grand public au film d’auteur. Toujours au service d’héroïnes fortes, complexes et modernes, elle apporte à Marina, son personnage dans Une affaire privée, une énergie et une détermination qui sautent à l’écran.
« Héctor est un homme discret, observateur, qui accompagne Marina avec loyauté. J’ai aimé jouer quelqu’un de si différent de mes rôles habituels. arler espagnol avec un accent français faisait partie du personnage. Je n’ai pas essayé de le cacher, au contraire, je l’ai utilisé comme une caractéristique supplémentaire. »
Jean Reno lors de la sortie de la série au média Infobae
Face à elle, Jean Reno. Une star internationale, familière des spectateurs espagnols depuis qu’il s’est prêté, il y a quelques années, à une publicité très remarquée pour une marque de bière. Le voir ici, dans un registre plus feutré et en espagnol (avec un accent qu’on ne peut pas manquer), surprend autant que ça intrigue. Et il faut bien avouer que le duo fonctionne : elle, intrépide ; lui, plus réservé, mais pas moins efficace.
Dès les premières images, on sait qu’on est chez Bambú : une photographie léchée, un soin extrême apporté aux costumes et aux décors, et surtout cette galerie de personnages secondaires qui enrichit l’univers. La société aime s’entourer de ses “visages fétiches”, qu’on croise d’une série à l’autre : Ángela Molina, Gorka Otxoa, Pablo Molinero… Des acteurs qui, pour les habitués de Grand Hôtel, Velvet ou Las Chicas del Cable, sonnent comme de vieux amis. Un choix qui crée une continuité presque familiale entre les productions, tout en offrant à chaque nouvelle série sa propre identité.
À lire aussi : 5 choses à savoir sur Aura Garrido
La critique de la rédaction ;
Une affaire privée démarre sur les chapeaux de roues : dès la première scène, une arrestation, et le ton est donné. Dès les premières minutes, on est plongés dans une enquête intrigante : Marina découvre un corps et l’on comprend très vite qu’un tueur en série pourrait sévir. La série propose donc un vrai fil conducteur policier, avec des énigmes à résoudre et des indices à décortiquer. Bien sûr, le ton reste léger et un peu caricatural : Marina, femme intrépide et audacieuse, évolue dans un monde d’hommes fermé et parfois prévisible, mais c’est justement ce contraste qui donne tout son charme à la série.
Côté esthétique, Une affaire privée frappe par sa sophistication. Ceux qui connaissent Grand Hôtel ou Velvet retrouveront le soin visuel des productions de Bambú, mais ici le niveau semble franchir un cap : photographie impeccable, reconstitution minutieuse de l’Espagne des années 1940, costumes et décors somptueux. À l’écran, on a vraiment l’impression d’assister à un film.
La série mêle humour, mystère et action, offrant un cocktail feel-good au charme délicieusement rétro. Marina impose sa personnalité dès les premières minutes : elle court, enquête, se bat, parfois en robe longue et talons, avec des scènes d’action spectaculaires. Petit plus pour la version française : Jean Reno s’est doublé lui-même, et c’est un plaisir de retrouver sa voix familière.
Sur le papier, tout est là pour séduire : un casting solide, une esthétique soignée, un rythme enlevé. Pourtant, à titre personnel, il est parfois difficile de s’immerger complètement dans cet univers, qui peut paraître irréaliste. Malgré ses qualités, la série souffre de quelques clichés, d’un côté caricatural et d’un scénario qui manque de profondeur. Jean Reno, en particulier, reste un peu en retrait et son rôle semble sous-exploité, limité à quelques dialogues basiques.
Au final, Une affaire privée s’inscrit dans la lignée de Grand Hôtel, Velvet ou Las Chicas del Cable, mais dans une version plus légère. C’est une fiction à prendre comme telle : un divertissement estival, agréable à regarder, sans se prendre la tête, avec ses incohérences mais aussi ses charmes. On pourra regretter l’absence d’un vrai ancrage espagnol, mais dans un marché de plus en plus internationalisé, c’est peut-être le prix à payer pour séduire un public au-delà des frontières.
On ne vous en dira pas plus sur l’intrigue policière car il faut bien garder un peu de suspense, mais je peux confirmer qu’il y a bel et bien un crime à la Sherlock Holmes à résoudre.
