#Cinema : Je tremble o matador dans les salles le 15 juin

Je tremble o matador est l’adaptation de l’ouvrage éponyme de l’activiste chilien Pedro Lemebel. Réalisé par Rodrigo Sepulveda, le film retrace un pan de l’histoire chilienne à travers une histoire d’amour entre un vieux travesti et un guérillero qui prépare un attentat contre la dictature dans le Chili des années 80.

Je tremble o matador dans les salles le 15 juin
Je tremble o matador dans les salles le 15 juin

Je tremble o matador est l’adaptation de l’ouvrage éponyme de l’activiste chilien Pedro Lemebel dont le succès fut très important au Chili si bien que le film était très attendu. Il faut dire que cette histoire d’amour impossible est l’occasion de raconter une partie de l’histoire de ce pays.

Je tremble o matador, une histoire entre amour et politique :

Synopsis : En 1986, le Chili est encore en pleine dictature de Pinochet. Le régime autoritaire et conservateur qui gouverna le Chili, sous la présidence du commandant des forces armées, le général Augusto Pinochet, est connu pour ses multiples atteintes aux droits de l’homme. Par amour pour un révolutionnaire idéaliste qu’il vient de rencontrer, un travesti sur le déclin surnommé La Loca del Frente accepte de cacher des documents secrets chez lui. Ils s’engagent tous deux dans une opération clandestine à haut risque et participent à une opération clandestine risquée.

Je tremble o matador est donc une histoire d’amour impossible qui n’en prend jamais réellement la forme. Un drame toute en finesse qui aborde une partie de l’histoire du Chili.

Un film qui s’émancipe de le l’oeuvre originale :

Rodrigo SEPÚLVEDA (1959, Santiago, Chili) est réalisateur de séries télévisées depuis les années 1990. Pour le cinéma, il a réalisé Un ladrón y su mujer (2002), Padre nuestro (2006) et Aurora en compétition à Cinélatino en 2015. Travailler sur l’adaptation de ce roman était un défis car il faut savoir que le film était très attendu. Lors d’un entretien à Gregory Coutaut il est notamment revenu sur la nécessite de trouver l’équilibre entre l’aspect sentimental et l’aspect politique du récit :

Trouver l’équilibre entre ces deux aspects fut en effet un travail très compliqué. Il s’agit d’une histoire d’amour particulière en raison du contexte politique et de l’environnement dans lequel elle se déroule. Les deux personnages principaux, Carlos et La Loca, vivent chacun dans le secret : Carlos pour être un guérillero, et La Loca pour être homosexuel dans un pays où l’homosexualité était illégale. Mon intention était donc de donner à ressentir qu’ils vivent chacun dans un monde soumis à l’isolement : qu’il s’agisse de l’espace intérieur de la Loca ou de l’espace social public d’un pays vivant sous une dictature.

Entretien réalisé par Gregory Coutaut

Pour interpréter La Loca del Frente, il a entamé une collaboration avec l’acteur et le metteur en scène Alfredo Castro qui est l’une des figures les plus respectées de la scène théâtrale chilienne. Un artiste de renom qui a une préférence pour les rôles difficiles comme ce fut le cas il y a quelques années dans Los Perros, le film pour lequel nous l’avions rencontré. Dans je tremble ô matador, il est tout simplement méconnaissable. En effet, il prend l’apparence d’un travesti qu’il interprète avec justesse sans jamais tomber dans la caricature.

La critique de la rédaction :

Je tremble, ô matador est un film qui donne une nouvelle image du cinema chilien. En effet, cette adaptation du roman culte de l’activiste gay chilien Pedro Lemebel raconte une histoire touchante et engagée. Le réalisateur a toutefois choisi de s’éloigner un peu de l’oeuvre originale en se focalisant principalement sur les deux personnages principaux : La Loca del Frente (Alfredo Castro) et le révolutionnaire idéaliste (Leonardo Ortizgris). Le premier vit peut-être dans le déni du monde qui l’entoure tandis que l’autre est animé par une furieuse envie de faire bouger les choses.

Le long-métrage est porté par la performance époustouflante d’Alfredo Castro. Digne et poignant, il arrive à ne jamais tomber dans la caricature et suscite l’empathie. Il parvient à transmettre toutes les nuances de son personnage et accentue la complexité de cette relation qui est difficile à caractériser.

Je tremble, ô matador est un film intéressant notamment parce qu’on y découvre une autre image du Chili. Si les récits de l’oppressions sont très nombreux et régulièrement mis en scène au cinéma, cette histoire se détache car n’est pas uniquement sombre. On y découvre certes la politique oppressante de l’époque, mais aussi ce monde de la nuit musical, ses liens et cette volonté d’affirmer ses différences.

Je tremble, ô matador a connu un énorme succès au Chili et il est désormais à découvrir dans les salles françaises.

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Cinéaste passionnée par l'audiovisuel latino.

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