Disponible sur Disney+, la série espagnole à gros budget Suspicious Minds (ou Ladrones : la tiara de Santa Águeda) impressionne par sa mise en scène… mais a failli coûter cher à son acteur principal, Alex González, victime d’un accident pendant une scène d’action.

Disponible depuis quelques jours sur Disney+, Souspicious Minds / Ladrones : la tiara de Santa Águeda est la nouvelle série espagnole qui mise tout sur le rythme, les cascades et une bonne dose de second degré. Portée par Alex González et Silvia Alonso, cette production aux allures de blockbuster veut séduire un public international… quitte à en perdre un peu de profondeur en route.
Suspicious Minds : Ocean’s Eleven made in Spain?
Souspicious Minds un titre très internationale pour une série espagnole à l’accent très américain avec en tête d’affiche Alex González. Une production à laquelle Álex González a activement participé, puisqu’il n’en est pas seulement l’acteur principal : il figure aussi parmi les producteurs exécutifs de la série composée de 6 épisodes qui prend l’apparence d’un Blockbuster avec un côté très américain et une histoire d’amour rocambolesque réunissant deux voleurs.
Synopsis : Rui et Amber ont un métier très particulier : ils sont cambrioleurs professionnels concurrent la plupart du temps sauf que le hasard de la vie les emmène à devoir collaborer. Toutefois, la mission tourne mal et ils doivent se séparer. Quelques temps plus tard, ils se retrouvent sur la Isla Esperanza où doit se dérouler un luxueux mariage. Amber est là pour : voler la tiare légendaire de Santa Águeda, un bijou d’une valeur de 24 millions d’euros. Mais les choses se compliquent lorsqu’elle découvre que Rui, son ancien complice et ex-amant, est aussi sur place avec le même plan…
Rien ne se passe comme prévu et ils doivent s’allier pour récupérer le bijou légendaire. S’ensuit une aventure à travers l’Europe, ponctuée de rebondissements, d’humour et de scènes d’action dignes des meilleurs films de casse…
Visuellement, la série impressionne : décors somptueux, rythme soutenu, effets soignés. On sent le budget conséquent derrière cette production, pensée pour concurrencer les gros titres américains sur les plateformes.
Le duo Sylvia Alonso / Alex González : complémentaire ou inégal ?
Côté casting, Silvia Alonso prend ici pour la première fois la tête d’une série. Une évolution logique pour une actrice longtemps cantonnée à des seconds rôles dans des fictions comme Instinto, Tierra de Lobos ou Amar es para siempre. Elle livre ici une performance solide, oscillant entre charme, audace et vulnérabilité.
Face à Silvia Alonso, Alex González reprend un registre qu’il maîtrise : celui du voyou charismatique à la morale fluctuante. Habitué des productions musclées (El Príncipe, Vivir sin permiso), il incarne ici un cambrioleur repenti contraint de replonger dans le monde du crime. Si son jeu reste convaincant dans les séquences d’action, il manque parfois de finesse dans les scènes plus émotionnelles, laissant entrevoir les limites d’un personnage un peu trop lisse.
« Nous avons créé cette série en pensant au public, pour qu’il puisse la regarder en famille, entre amis et, surtout, passer un bon moment. »
AlexGonzalez au magazine Esquire
Mais c’est surtout en coulisses que le rôle a pris une tournure inattendue. Lors d’une cascade, Alex González s’est violemment blessé à l’épaule, réveillant d’anciennes douleurs liées à un grave accident de moto survenu à ses 18 ans. Très affecté par la douleur, il a toutefois refusé d’interrompre le tournage, tenant son rôle coûte que coûte. La production a dû adapter certaines scènes physiques pour l’épargner, tout en poursuivant le rythme imposé par le calendrier de tournage.
Malgré cet incident, l’acteur garde un souvenir chaleureux de l’aventure, la décrivant comme l’un des tournages les plus joyeux de sa carrière. Cela ne l’a pas empêché de reconnaître un désaccord créatif persistant avec Silvia Alonso : chacun défend toujours la vision de son personnage… sans être parvenus à un terrain d’entente, même un an après. Une anecdote révélatrice de l’investissement des deux comédiens dans leurs rôles respectifs.
Autour du duo principal, Suspicious Minds s’entoure d’un casting international et éclectique, avec plusieurs visages familiers du public hispanophone. On retrouve notamment Asier Etxeandia, magnétique dans Dolor y Gloria ou Velvet, ici dans un rôle plus discret que ce à quoi il nous a habitués. À ses côtés, l’Argentine Cumelen Sanz (Sous sa coupe), la Serbe Milena Radulovic (The Balkan Line) et Albert Baró, révélé dans Merlí et vu dans Inés del alma mía.
Malgré ce joli line-up, les personnages secondaires manquent d’espace pour exister pleinement. Tous servent efficacement l’intrigue, mais sans réelle profondeur psychologique. Dommage, car certains profils avaient clairement le potentiel d’apporter plus de contraste et d’émotion à cette aventure rocambolesque.
La critique de la rédaction :
Soyons clairs : Ladrones ne cherche pas à révolutionner le genre. La série coche toutes les cases du divertissement calibré, avec son duo sexy, ses décors de carte postale et ses dialogues qui vont droit au but. Mais sous le vernis clinquant, il manque un peu de relief. L’intrigue peine à surprendre, et les personnages auraient gagné à être plus développés.
C’est vrai que Suspicious Minds a surtout fait parler d’elle grâce à Alex González, un acteur extrêmement populaire en Espagne, habitué à incarner des bad boys au charme crooner. Son profil très séduisant facilite l’accroche auprès du public, et il assure sans surprise dans son rôle de voleur repenti.
Pourtant, c’est plutôt Silvia Alonso qui m’a vraiment marquée dans cette série. Souvent cantonnée à des rôles secondaires, elle s’impose ici en tête d’affiche avec un rôle taillé sur mesure pour elle. Dès le premier épisode, entièrement centré sur son personnage, elle déploie une interprétation millimétrée, incarnant une voleuse précise, double-face, à la fois concentrée et pleine de nuances. Elle crève littéralement l’écran, offrant une présence à la fois élégante et intense.
Mention spéciale également à Cumelen Sanz, que beaucoup ont découvert dans La Fortuna sur Netflix, qui apporte une touche plus légère et sympathique, contribuant à équilibrer le ton général.
Cela dit, mon ressenti global est que la série a clairement été conçue pour un public international, avec comme objectif prioritaire de plaire au plus grand nombre, notamment anglophone. Cette ambition se traduit par un style très américanisé, avec une intrigue d’espionnage et de vol très classique, sans grande surprise, et qui peut sembler manquer un peu d’authenticité.
Visuellement, c’est un sans-faute : les décors, la réalisation et les scènes d’action sont impeccables, et la production affiche un vrai soin du détail. Mais, là où le bât blesse, c’est dans la profondeur des personnages et la complexité narrative. L’intrigue reste assez prévisible, avec des ressorts narratifs souvent vus ailleurs.
Suspicious Minds est donc une série idéale pour un visionnage détente, parfaite pour les vacances ou les soirées sans prise de tête. En revanche, elle ne reflète pas forcément le meilleur de ce que peut offrir la production espagnole contemporaine, souvent plus audacieuse et originale.