Allende mi abuelo allende est un documentaire mexicain et chilien présenté au festival de Cannes dans le cadre de la quinzaine des réalisateurs. Un long-métrage fort qui mélange récit personnel et fonds historiques autour de Salvador Allende.
Allende mi abuelo allende est un documentaire réalisé par Marcia Tambutti Allende. Cette dernière n’est autre que la petite fille de Salvador Allende. L’homme fût le premier président socialiste élu démocratiquement au Chili. Néanmoins, il s’est suicidé après un coup d’état qui a plongé le pays dans une longue dictature. Suite à cela, sa famille a été obligée de s’exiler au Mexique.
Un documentaire intimiste :
Marcia, la réalisatrice souhaite rompre le silence entretenu autour du passé tragique de sa famille. En effet, 35 ans après le coup d’État qui a renversé son grand-père, Salvador Allende, premier président socialiste élu démocratiquement, elle estime qu’il est temps de retrouver les souvenirs familiaux. Pour cela, elle est partie à la recherche des images de leur vie quotidienne qui leur a été arrachée. Un passé intime qui lui est inconnu, enterré sous la transcendance politique d’Allende, l’exil et la douleur familiale. Après plusieurs décennies de non-dit, Marcia essaie de dresser un portrait honnête, sans grandiloquence. Bien sûr, elle prend en compte la complexité de pertes irréparables et le rôle des mémoires sur trois générations d’une famille blessée.
Ce documentaire est une production très personnelle de la réalisatrice. Effectivement, elle nous immerge au coeur de sa famille pour tenter de comprendre qui était Salvador Allende et ce qui lui est réellement arrivé. Quel genre de père était-il? Comment se comportait-il avec sa femme? Quelle était sa vision de la politique? C’est à toutes ces questions que tente de répondre le documentaire pendant plus d’une heure et demi.
Une cinéaste omniprésente :
En plus d’être la réalisatrice, Marcia Tambutti Allende est la protagoniste de son film. Ainsi, elle n’hésite pas à se mettre en scène. Elle qui a grandi loin du Chili sans rien savoir de son grand-père, ce héros martyr du peuple chilien dont elle essaye de dresser le portrait intimiste.
Elle interroge sa grand-mère allongée sur son lit et joue avec une caméra discrète qui tente de se fondre dans la vie familiale. D’ailleurs, certains plans laissent penser que sa « mémé »ignorait la présence de la caméra. Au fil de son investigation, elle arrive peu à peu à délier les langues de son entourage. Certains n’apprécient pas l’omniprésence de la caméra dans les réunions. Sa mère lui reproche son intrusion. Elle refuse de parler de ses parents pour finalement dévoiler quelques éléments de réponses. Ses recherches vont plus loin. Elle repart au Chili pour tenter de récupérer des d’archives, des témoignages. Seul bémol, le manque de diversité dans le traitement des informations avec des plans qui se répètent.
Le documentaire de Marcia Tambutti Allende n’en reste pas moins un récit haletant ponctué par diverses révélations. En effet, au fil des confessions et des liens noués avec les interlocuteurs, leur vérité apparait. Une histoire émouvante, réaliste qui a permis à sa famille de faire de deuil sur cette partie sombre de leur vie et au public de découvrir la vie privée d’un homme politique énigmatique.