Présenté dans le cadre d’une séance spéciale du 69 ème Festival de Cannes, la mort de Louis XIV est le dernier long-métrage du cinéaste catalan Albert Serra. Ce dernier nous offre sa vision du roi soleil interprété par le grand Jean-Pierre Léaud.
Suite à la projection de La Mort de Louis XIV, beaucoup se sont posés la même question : pourquoi ce film n’est-il pas en compétition officielle? La séance a attiré de nombreux spectateurs. bon nombre d’entre eux sont restés à l’extérieur à cause du manque de place. Une seule diffusion pour le public n’était donc pas suffisante.Il faut dire que le cinéaste Albert Serra était très attendu.
La mort de Louis XIV vue par un catalan :
Le catalan Albert Serra a déjà raconté à sa façon, unique et très particulière , les aventures de Don Quichotte, des Rois Mages et de Casanova. Par conséquent, s’attaquer au célèbre roi soleil n’était pas quelque chose de facile. Toutes fois, il a su bien s’entourer en confiant le premier rôle au mythique Jean-Pierre Léaud. Ce dernier est un habitué du festival de Cannes. Chose exceptionnelle, l’acteur a foulé les marches pour la première fois à l’âge de 14 ans; Il jouait dans les « 400 coups »qui avait reçu un accueil triomphal. Agé de 72 ans, il interprète à merveille ce monarque épuisé par son règne que personne n’ose contredire.
Bien loin de l’image soignée et royale qui représente généralement Louis XIV, Albert Serra a souhaité montrer la dernière phase de son règne. A cette époque, les français font face à un roi épuisé par la maladie qui passe ses journées au lit en attendant la fin.
Le huit clos royal :
Synopsis : Août 1715. À son retour de promenade, Louis XIV ressent une vive douleur à la jambe. Les jours suivants, le Roi poursuit ses obligations mais ses nuits sont agitées, la fièvre le gagne. Il se nourrit peu et s’affaiblit de plus en plus. C’est le début de la lente agonie du plus grand Roi de France. Elle signe la fin d’un règne personnel de 72 ans, le plus long de l’Histoire de France.
Le Journal de la Santé du Roi tenu par ses médecins successifs révèle un homme à la santé fragile. D’ailleurs, il manque plusieurs fois de mourir. A cinq ans il est atteint de la petite vérole puis d’une fièvre maligne à trente-cinq, d’une fistule à quarante-cinq. Enfin, le diabète puis gangrène en viendront à bout à soixante-dix. En 1715, au mois d’août, Louis XIV est cette fois atteint d’une embolie à la jambe liée à une arythmie cardiaque. Cela va provoquer l’apparition de la gangrène.
La critique de la rédaction :
La Mort de Louis XIV est un huit clos étouffant qui se joue dans la chambre du roi soleil. Ses courtisans, ses médecins défilent pour tenter de lui redonner le moral. Chaque geste du monarque est espionné avec attention. Mange-t’il bien? Boit-il suffisamment? La cour s’agite espérant en vain voir leur roi bien aimé sortir de son lit. Néanmoins, les jours passent et son état empire. Certains profitent de ses faiblesses obtenir un peu plus d’argent, d’autres tentent de développer leur renommée grâce à des remèdes miracles. Ce que nous voyons avec autant de détail, n’est rien d’autre que la lente agonie du roi au plus long règne. Ainsi, on assiste aux deux dernières semaines de sa vie durant lesquelles il se consume, pourri par la gangrène. Les gros plans sur ce monarque fatigué interpèlent le spectateur. On vit au rythme des va et vient de la chambre royale.
Des plans fixes interminables sur la Majesté qui peste de ne pas être guéri, à l’émotion du premier valet du roi, Serra nous plonge dans l’intimité d’une mort certaine. Il démontre ainsi que le grand roi soleil n’était rien d’autre qu’un homme comme les autres faible dans la maladie. Il faut dire que Louis XIV est mort à l’âge de 76 ans soit un record pour l’époque.
Albert Serra a réalisé ici une oeuvre qui casse avec les habitudes des films historique. En effet, il joue sur les deux tableaux en montrant à la fois grandeur du roi soleil entouré et choyé et sa normalité face à la maladie.
Son rythme long peu étonné mais en fait une oeuvre singulière qui sortira prochainement dans les salles de cinéma françaises. En attendant, voici une extrait de la courte présentation qui a eu lieu lors de l’avant première au festival de Cannes.