La Mostra de Venise 2025 a une fois de plus confirmé son rôle central dans la saison des festivals de cinéma. Entre films latinos en compétition, icônes espagnoles récompensées et cinéastes latino-américains salués pour leur audace, l’édition 2025 a offert une vitrine exceptionnelle aux talents venus d’Espagne et d’Amérique latine. Retour sur cinq moments marquants qui ont fait rayonner le cinéma hispanophone sur la lagune.

Chaque rentrée cinématographique démarre avec la Mostra de Venise, vitrine prestigieuse qui annonce les films appelés à marquer la saison. Juste après viendront le Festival international de Toronto (TIFF) et le Festival de San Sebastián, mais c’est bien à Venise que s’écrit la première page des sorties les plus attendues de l’automne.
Comme à Cannes, la présence du cinéma espagnol et latino-américain est une constante. Chaque année, des productions latines trouvent leur place, parfois là où on ne les attend pas : aux côtés de grands maîtres, dans des coproductions internationales, ou encore à travers des cinéastes latinos travaillant désormais aux États-Unis. Cette édition 2025 a confirmé l’importance de ces croisements culturels, donnant à voir la richesse et la diversité du regard latino sur le monde.
1. Carmen Maura bouleverse la Mostra de Venise 2025
Icône du cinéma espagnol, Carmen Maura a marqué la Mostra de Venise 2025 avec Calle Málaga, réalisé par Maryam Touzani et produit par Nabil Ayouch.
Synopsis : María Ángeles (Carmen Maura), 79 ans, vit seule à Tanger. Quand sa fille Clara revient de Madrid pour vendre l’appartement familial, son quotidien bascule. María se bat pour rester dans cette ville où elle a grandi et redécouvre en chemin l’amour et le désir.
Le film, tourné en espagnol au Maroc, aborde des thèmes universels : l’appartenance à un lieu, la mémoire, les liens intergénérationnels et le droit à l’amour dans la vieillesse. La performance nuancée de Carmen Maura a été unanimement saluée et lui a valu une distinction, confirmant son statut de légende du cinéma ibérique.
2. Guillermo del Toro électrise la Mostra de Venise 2025 avec Frankenstein
Le cinéaste mexicain Guillermo del Toro a présenté son très attendu Frankenstein, produit par Netflix et sélectionné en compétition officielle. D’ailleurs, le film arrivera le 7 novembre sur la plateforme.
Synopsis : Europe de l’Est, XIXe siècle. Le docteur Pretorious part à la recherche de Victor Frankenstein, que l’on croyait mort dans un incendie quarante ans plus tôt. Son objectif : poursuivre les expériences interdites du créateur du monstre.
Fidèle à son univers gothique et baroque, Guillermo del Toro a proposé une œuvre visuellement somptueuse, saluée pour ses décors et ses effets spéciaux. La réception critique a cependant été partagée : certains ont admiré la splendeur formelle, d’autres ont regretté un manque d’émotion dans le développement des personnages.La présence de Jacob Elordi au casting a également fait beaucoup parler, renforçant l’aura médiatique du film.
3. Armani Beauty met en lumière les talents latinos
Partenaire officiel de la Mostra de Venise 2025, Armani Beauty a une nouvelle fois profité du tapis rouge pour mettre en avant une génération émergente d’acteurs et actrices latinos.Cette année, les Espagnols Clara Galle et Miguel Ángel Silvestre ont particulièrement brillé, rejoignant un casting glamour qui reflète l’importance croissante des talents hispanophones dans la culture internationale.
Pour ces comédiens souvent connus à travers les séries, la Mostra devient une vitrine idéale pour conquérir de nouveaux publics et se placer sur l’échiquier mondial.
Mais comme au Festival de Cannes, la Mostra de Venise attire aussi des personnalités venues davantage pour l’éclat des tapis rouges que pour les films. L’actrice espagnole Alejandra Onieva, connue pour la série Alta Mar, a ainsi fait beaucoup parler d’elle en officialisant sa relation avec l’acteur américain Jesse Williams. Une apparition médiatique qui a marqué l’un des moments « people » de cette édition, confirmant que Venise reste autant un festival de cinéma qu’un carrefour de glamour et d’actualités people.
4. The Souffleur, poésie argentine signée Gastón Solnicki
Dans la section Orizzonti, l’Argentin Gastón Solnicki a présenté The Souffleur, une œuvre saluée pour sa délicatesse et sa réflexion sur la mémoire et la transmission.
Synopsis : Lucius Glantz (Willem Dafoe), directeur d’un prestigieux hôtel viennois depuis trente ans, voit l’établissement vendu à un promoteur argentin, Facundo Ordoñez (interprété par Solnicki lui-même). Décidé à préserver ce lieu chargé de mémoire, Lucius entre en conflit avec Facundo — une lutte qui devient métaphore du choc entre tradition et modernité… et menace même la recette légendaire de soufflé de l’hôtel.
Entre improvisation, approche intuitive et esthétique poétique, Solnicki compare sa mise en scène à un tissu cinématographique inspiré des traditions artisanales latino-américaines. Dafoe, d’une intensité rare, a été unanimement salué.
5. Quand l’Amérique latine s’invite à Venise : deux regards singuliers
La Mostra de Venise 2025 a une nouvelle fois démontré la vitalité des cinémas latino-américains en programmant deux œuvres très différentes mais tout aussi marquantes.
Barrio triste, réalisé par Stillz (Colombie/USA – section Orizzonti), nous plonge dans la Medellín des années 1980 à travers les yeux d’adolescents des quartiers populaires. Entre réalisme cru et envolées poétiques, le film capte l’énergie brute d’une génération qui oscille entre violence, rêves et survie. Avec son esthétique hybride, mélange de faux castings et de portraits à vif, le film s’impose comme une pépite indépendante saluée pour son authenticité et sa capacité à traduire l’âme d’un territoire marginalisé.
À l’opposé dans la forme mais tout aussi puissant dans le fond, Nuestra tierra de Lucrecia Martel (Argentine/USA/Mexique/France/Pays-Bas/Danemark – hors compétition) propose un documentaire politique et sensoriel sur le meurtre de Javier Chocobar, leader indigène assassiné en 2009. Martel déconstruit les mécanismes juridiques et administratifs qui invisibilisent les communautés autochtones, tout en tissant une “tapisserie narrative” mêlant archives, reconstitutions et témoignages. Ce premier documentaire de la réalisatrice, coécrit avec María Alché, confirme son rôle d’alliée engagée dans la lutte contre l’expropriation et l’effacement des peuples indigènes.
Deux films aux esthétiques radicalement différentes mais unis par une même volonté : faire entendre des voix souvent réduites au silence, qu’elles viennent des ruelles de Medellín ou des montagnes argentines.
Un grand merci à Maja, notre reporter sur place durant cette Mostra de Venise 2025. Elle a su capter l’essence du festival à travers son regard, ses rencontres et ses coups de cœur. Sa vidéo souvenir, disponible sur notre compte Instagram, traduit à elle seule l’ambiance unique de Venise et offre une plongée personnelle dans cette édition marquée par la diversité et l’audace des œuvres présentées.
