Los anos nuevos : pourquoi faut-il absolument regarder cette série sur Arte?

Los Años Nuevos est la nouvelle série espagnole de Rodrigo Sorogoyen, un réalisateur pourtant habitué aux thrillers sous tension. Ici, il signe une histoire d’amour poétique en dix actes, révélant une facette plus intime de son cinéma. Une petite pépite qui s’est glissée discrètement sur Arte… et qu’il ne faut surtout pas manquer.

Los anos nuevos : pourquoi faut-il absolument regarder cette série sur Arte?
Los anos nuevos : pourquoi faut-il absolument regarder cette série sur Arte?

Arte ne diffuse pas souvent de contenus en langue espagnole, mais lorsqu’elle le fait, c’est généralement grâce à des accords ponctuels avec Movistar Plus+ ou des coproductions européennes soigneusement sélectionnées. Los Años Nuevos, présentée à Séries Mania et projetée à la Mostra de Venise 2024, fait partie de ces petites exceptions qui attirent immédiatement l’attention.

Réalisée par Rodrigo Sorogoyen, figure majeure du cinéma espagnol actuel, cette série propose une balade sentimentale délicate, traversée par dix années de vie, dix Nouvelles Années et un amour ordinaire sublimé par une mise en scène d’une précision rare. Bonne nouvelle : elle est disponible gratuitement sur arte.tv, un vrai petit bijou passé (trop) inaperçu.

Une série signée Rodrigo Sorogoyen et Caballo Films :

Los Años Nuevos est une production Caballo Films, la société fondée par Sorogoyen et ses collaborateurs de longue date : Isabel Peña, Eduardo Villanueva et leur équipe créative, habituée aux récits nerveux, immersifs et profondément humains.

Aux commandes de cette mini-série en dix épisodes, Rodrigo Sorogoyen explore un registre plus intime que dans ses œuvres précédentes. Connu pour ses thrillers sous tension (El ReinoQue Dios nos perdoneAs Bestas), il délaisse ici la violence sociale pour s’immerger dans l’anatomie d’un amour, dans ce qu’il a de plus fragile, de plus banal… et donc de plus universel.La série compte 10 épisodes d’environ 50 minutes, chacun correspondant à une année. Une structure narrative simple en apparence, mais profondément cinématographique.

Synopsis Ana, qui se cherche encore, et Óscar, médecin, se rencontrent à Madrid lors du Nouvel An, le soir de leurs 30 ans. Sur dix années et autant d’épisodes, le réalisateur espagnol Rodrigo Sorogoyen décline une histoire d’amour avec ses hauts et ses bas. Toute en finesse, l’anatomie d’un couple, qui touche par son authenticité.

Une décennie racontée en dix jours : un concept original

Los Años Nuevos repose sur une idée narrative extrêmement forte : chaque épisode se déroule le 31 décembre. Pas de scènes intermédiaires, pas de passages balisés par les mois ou les saisons. Seulement un jour par an, toujours le même, toujours sous tension, toujours dans cette bulle temporelle où l’on fait le bilan de l’année écoulée… ou de sa vie.

Ce choix crée une mécanique dramatique intéressante puisqu’on retrouve Ana et Óscar “pris sur le vif”, dans leur moment le plus sincère. En tant que spectateur, on doit reconstituer les évolutions du couple en observant leurs gestes, leurs silences et leurs conversations. Finalement, la relation se dessine par fragments, avec des ellipses riches et souvent brutales.

Sotenue par de longs plans-séquences qu’on peut surnommer la marque Sorogoyen, la série atteint un réalisme presque documentaire. On a parfois l’impression d’être dans la pièce, de partager les doutes et les respirations du couple.

La force de Los Años Nuevos repose largement sur son duo d’interprètes : Iria del Río (El InocenteLas Chicas del Cable) et Francesco Carril, acteur de théâtre très reconnu en Espagne et collaborateur régulier du cinéma d’auteur madrilène. Ensemble, ils incarnent un couple crédible, nuancé, profondément humain. Leur jeu minimaliste, presque documentaire, donne au récit une vérité troublante et soutient parfaitement la mise en scène exigeante de Sorogoyen. Ils incarnent un couple ni héroïque ni spectaculaire : juste deux trentenaires qui avancent, reculent, se cherchent et se manquent parfois. Une simplicité qui, paradoxalement, donne toute sa force au récit.

La critique de la rédaction :

J’ai découvert Rodrigo Sorogoyen avec Stockholm, son tout premier long-métrage, un film autoproduit qui avait créé la surprise à l’époque. Derrière son apparente simplicité, il cachait un retournement de situation saisissant et explorait déjà les relations amoureuses, mais sous un angle beaucoup plus sombre. C’est ce film qui m’a donné envie de suivre de près la trajectoire de Sorogoyen.

Depuis, le réalisateur s’est imposé progressivement comme l’un des cinéastes espagnols les plus brillants de sa génération : Antidisturbios, série coup de poing devenue référence, puis As Bestas, qui l’a définitivement installé dans le cinéma d’auteur avec un succès critique retentissant. En Espagne, le passage d’un réalisateur du cinéma aux séries est monnaie courante, et inversement ; son retour au format sériel n’est donc pas une surprise.

Avec Los Años Nuevos, Sorogoyen semble opérer un retour aux sources, en renouant avec l’intime. La série est construite comme un film d’auteur en dix fragments, tournés en longs plans-séquences qui donnent parfois l’impression d’assister à un documentaire. Le réalisme est brut, la mise en scène laisse respirer le temps, et le récit se déploie avec une délicatesse presque pudique.

La fiction s’adresse avant tout aux amateurs de cinéma d’auteur, aux amoureux des récits intimistes, des dialogues ciselés et des mises en scène millimétrées. Ce n’est pas un divertissement facile ou encore une série “binge-watchable”. C’est une œuvre épurée, presque fragile, qui demande de la disponibilité. On est bien loin des séries espagnoles plus commerciales que l’on retrouve sur les plateformes internationales. Ici, tout est nuance, détail, silence, émotion retenue.

 Los Años Nuevos est un bijou d’auteur étonnamment accessible puisqu’il est disponible gratuitement sur arte.tv. Une parenthèse sensible, filmée avec une sincérité rare, qui mérite pleinement le détour.

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