Après La Casa de Papel, Sky Rojo et Berlin, Álex Pina et Esther Martínez Lobato signent sur Netflix un nouveau thriller social et psychologique : El Refugio Atómico. Dans ce “Truman Show” souterrain, les ultra-riches croient fuir l’apocalypse… mais deviennent prisonniers de leurs propres illusions.

Disponible depuis le 19 septembre 2025 sur Netflix, El Refugio Atómico a rapidement trouvé son public, grimpant en tête du Top 10 France en 48 heures seulement. Huis clos oppressant, critique sociale et twist dès le premier épisode : la série reprend les ingrédients qui ont fait le succès de La Casa de Papel, mais les transpose dans un décor rétro-futuriste à 275 mètres sous terre.
El Refugio Atómico : Comment survivre à la fausse fin du monde ?
Après avoir conquis le monde avec La Casa de Papel, , puis confirmé leur empreinte avec Sky Rojo et Berlin, le duo Álex Pina et Esther Martínez Lobato poursuit sa collaboration fructueuse avec Netflix. Avec El Refugio Atómico(Billionaires’ Bunker en version internationale), ils proposent un nouveau thriller à la croisée du drame psychologique et de la critique sociale.
Produite entre l’Espagne et les États-Unis, la série a bénéficié d’un budget conséquent et d’une ambition visuelle assumée. Son objectif : plonger le spectateur dans un huis clos aussi oppressant que spectaculaire, en poussant les mécaniques narratives déjà explorées dans La Casa de Papel vers un terrain post-apocalyptique.
L’intrigue se déroule dans le Kimera Underground Park, un bunker de luxe réservé aux ultra-riches, enfoui à 275 mètres sous terre. Spa, jardin zen, salle de sport et cocktails raffinés créent une illusion de confort et de sécurité. Mais derrière ces murs dorés, tensions et rancunes explosent. Max (Pau Simón), tout juste sorti de prison, se retrouve enfermé avec Asia (Alícia Falcó) et son père Guillermo (Joaquín Furriel), la famille de son ex-petite amie décédée. Très vite, un twist renverse la donne : l’apocalypse n’a jamais eu lieu. Les résidents sont en réalité les victimes d’une gigantesque arnaque orchestrée par des manipulateurs qui veulent les dépouiller.
Une création qui a un faux air de La Casa de Papel,
La série a recréé un bunker de 8.000 m² en studio, avec plus de 5.000 figurants et des caméras à 360°. Inspirés des années 50, les décors oppressants accentuent la sensation d’enfermement. Álex Pina explique s’être inspiré des articles sur les bunkers de milliardaires découverts pendant la pandémie. De cette idée est née une réflexion : peut-on échapper au chaos du monde quand on porte ce chaos en soi ?
Mais la force de El Refugio Atómico tient aussi dans son casting hybride, fidèle à la tradition d’Álex Pina. Comme pour La Casa de Papel, le créateur a privilégié des profils authentiques plutôt que des “têtes d’affiche” calibrées pour l’international. Résultat : une galerie de personnages incarnés par des acteurs connus sur la scène espagnole, mais pas toujours identifiés à l’étranger.On retrouve ainsi des visages confirmés comme Joaquín Furriel, Natalia Verbeke, Carlos Santos ou encore Miren Ibarguren, déjà habitués aux premiers rôles sur les écrans hispaniques.
« Ce qui m’a fasciné, c’est l’idée d’un bunker où les gens fuient le monde… mais finissent par recréer ses pires travers. C’est une métaphore puissante. Le tournage dans un décor fermé pendant des semaines a renforcé la tension entre les personnages, même hors caméra. »
Joaquín Furriel
À leurs côtés, des talents montants comme Alícia Falcó ou Jason Fernández, révélé dans le court-métrage de Pedro Almodóvar. Un choix qui renforce la crédibilité du récit : les spectateurs découvrent les personnages avant les acteurs, ce qui évite toute projection stéréotypée.
Si certains critiques reprochent des dialogues trop “soap” et des personnages un peu trop stéréotypés, d’autres saluent la puissance visuelle et la charge politique. Le public, lui, ne s’y trompe pas : El Refugio Atómico s’est imposée comme la série événement de la rentrée dans le top 10.
La critique de la rédaction :
Après avoir visionné les quatre premiers épisodes de El Refugio Atómico, difficile de trancher : ai-je aimé ou détesté ? Probablement ni l’un ni l’autre. Ce qui est certain, c’est que la série ne laisse pas indifférent.
Dès le premier épisode, Álex Pina et Esther Martínez Lobato osent briser une attente majeure : l’apocalypse annoncée n’a jamais eu lieu. Ce choix narratif audacieux surprend, car il coupe court à l’idée d’une intrigue centrée sur la question « fin du monde ou pas ? » pour révéler autre chose, de plus tordu. Une mise en scène qui s’amuse à anticiper ce que le spectateur pense être “le vrai sujet” pour mieux le détourner.
La série séduit aussi par sa manière de déconstruire les mythes liés à l’apocalypse : faux reportages, fausses images, manipulation par l’information… Chaque épisode prend le temps de montrer comment la supercherie est orchestrée. À ce titre, El Refugio Atómico parle autant de fake news et de désinformation que de survie. Même l’introduction d’une fausse intelligence artificielle, chargée de répondre aux messages des confinés, apporte une dimension très actuelle et politique.
En parallèle de cette réflexion sociétale, l’intrigue secondaire le conflit entre deux familles, avec des relents de Roméo et Juliette modernes qui fait basculer la série dans une tonalité plus soap. Certains dialogues et comportements paraissent caricaturaux, les personnages manquent parfois de profondeur et tombent dans le stéréotype. C’est là que la comparaison avec La Casa de Papel,devient moins flatteuse : le casting est solide, mais les figures archétypales prennent parfois le pas sur la subtilité.
Esthétiquement, rien à redire : c’est une production ambitieuse, visuellement impeccable. Mais on sent aussi que Netflix a voulu capitaliser sur la recette La Casa de Papel,. Le “cerveau” de l’opération, un stratège maniaque et obsédé par le contrôle, rappelle immanquablement le Professeur, jusqu’à certains traits de caractère. Cette impression de déjà-vu nourrit l’idée que la série joue la carte de la sécurité, après d’autres projets moins marquants du duo.
Au final, El Refugio Atómico intrigue plus qu’elle ne convainc totalement. Elle captive par son esthétique et ses idées fortes, mais souffre de personnages trop stéréotypés et d’un parfum de déjà-vu. Une série qui mérite d’être vue, ne serait-ce que pour son audace narrative, mais qui laisse un sentiment mitigé, comme une œuvre un peu inachevée disponible sur Netflix.
