Daniel Grao : « Angela m’a permis d’explorer un esprit sombre où règne l’impunité »

Daniel Grao est un comédien discret, mais qui enchaîne les succès depuis plusieurs années. Dans Ángela disponible sur Netflix, on le découvre dans un registre totalement différent : celui d’un père de famille violent, obsédé par le contrôle et profondément manipulateur. Un rôle sombre, difficile à interpréter, dont l’acteur nous livre ici sa vision au fil d’un entretien exclusif.

Daniel Grao : "Angela m’a permis d’explorer un esprit sombre où règne l’impunité"
Daniel Grao : « Angela m’a permis d’explorer un esprit sombre où règne l’impunité »

Daniel Grao est un acteur reconnu pour la justesse de ses choix artistiques et sa capacité à se réinventer d’un rôle à l’autre. Sur Netflix, le public a pu le découvrir dans La Catedral del Mar, adaptation du best-seller d’Ildefonso Falcones, mais aussi dans HIT, où il incarnait un professeur anticonformiste, ou encore dans La chica invisible, thriller psychologique salué par la critique. Avec Ángela, il relève un défi totalement différent : donner vie à Gonzalo, un père de famille en apparence irréprochable, mais qui cache une nature autoritaire et destructrice. Dans cette interview, il revient sur son travail autour de Gonzalo, les difficultés de certaines scènes, et la manière dont il a vécu cette immersion dans un rôle aussi extrême.

Angela, la série qui entre dans la tête d’un homme violent

Comment avez-vous abordé l’immersion dans Gonzalo ?
Gonzalo est un de ces personnages qui t’invitent à ne pas juger, surtout en tant qu’acteur. Mon objectif, en acceptant ce rôle, était d’éviter le cliché et de chercher à comprendre pourquoi il agit ainsi.

Selon vous, qu’est-ce qui est à l’origine de sa maltraitance ?
Son cas n’est pas une généralité, c’est ma vision. Je crois que son comportement vient de plusieurs dysfonctionnements intérieurs. C’est quelqu’un d’insécure, obsédé par le besoin de tout contrôler. Et ce principe, il l’applique autant aux autres qu’à lui-même.

Comment décririez-vous Gonzalo ?
C’est un personnage classique mais très vide. Sa violence éclate lorsqu’il estime que les choses ne se passent pas comme il le souhaite. Il pense qu’il faut « bien faire », mais uniquement selon sa propre définition du bien.Au final, il impose à sa famille de vivre selon ses règles. Tant qu’ils s’y plient, rien ne se passe. Mais dès qu’un élément vient bouleverser l’ordre établi, il ne l’accepte pas.

Est-ce le personnage le plus mauvais que vous ayez interprété dans votre carrière ?
Je ne sais pas… Ce que je peux dire, c’est que c’est le plus mauvais avec un visage de gentil. C’est un homme en apparence parfait, à qui tout réussit, qui semble très doux. Et c’est justement cette difficulté que doit affronter son épouse : personne ne veut la croire.

Daniel Grao vous parle des coulisses d’une série émotionnellement intense :

Certaines scènes ont-elles été difficiles à tourner ?
Pour le public, les scènes de violence paraissent très dures, mais en coulisses ce sont surtout des chorégraphies dont le résultat est impressionnant. Cela dit, après le « coupé », j’éprouvais un vrai malaise, une sorte de pudeur. J’avais du mal à regarder Verónica, ma collègue qui joue Ángela, dans les yeux.

Comment avez-vous vécu cette immersion dans un personnage aussi extrême ?
Même si la série est intense, le tournage s’est bien passé. Gonzalo est un personnage radical, très éloigné de moi. C’est justement cette distance qui m’a intéressé.

Avez-vous réussi à mettre un peu de vous en ce personnage?
Quand je travaille un rôle, j’y mets toujours une part de moi. Le défi, ici, était de trouver l’équilibre. L’aspect violent, par exemple, est une émotion universelle : tout le monde a déjà ressenti l’envie d’étrangler quelqu’un. Mais la différence, c’est que nous savons nous calmer, rationaliser. Gonzalo, lui, vit dans un esprit sombre où règne l’impunité. C’est ce que j’ai dû expérimenter le temps de cette fiction.

La série Ángela se présente comme un thriller haletant. Qu’est-ce qui vous a marqué dans cet univers ?
C’est une série qui est un thriller, et on peut dire que tu entres dans cet univers dès les premières minutes. Ce que je retiens surtout, c’est le travail de Verónica, qui joue Ángela : elle a réussi à créer de l’empathie dès le premier épisode. Il y a ce côté ombre et lumière, et tout au long de l’histoire, on se demande si ce que l’on voit est réel ou non.

À travers ce rôle, Daniel Grao s’éloigne radicalement de son image habituelle pour incarner un personnage sombre, manipulateur et violent. Un défi de taille pour l’acteur, qui a dû trouver l’équilibre entre la crédibilité de cette figure tyrannique et sa propre sensibilité artistique. Une série poignante dérangeante à découvrir sur Netflix

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