Annoncée comme un potentiel succès, Opération Banco Central est une mini-série qui semblait avoir toutes les cartes en main : un casting prestigieux porté par María Pedraza, un scénario inspiré de faits réels et un parfum de La Casa de Papel. Pourtant, malgré une brève apparition dans le top 10 de Netflix, la série n’a pas su s’imposer durablement. Que s’est-il passé ?
Une analyse de la promotion et un visionnage attentif nous donnent quelques clés.
Opération banco centrale est tout simplement l’histoire du casse du siècle. Un petit air de la casa de papel avec une certaine Maria Pedraza qui mêle faits réels et fiction pour créer la série sensée captiver les abonnés de Netflix. Il est vrai que le synopsis a tout pour rassembler et pourtant, à sa sortie, elle fait une apparition dans le top 10 mais ne tarde pas à disparaitre.
Opération banco central : tout le monde à terre !
Adaptée du roman Asalto al Banco Central de Mar Padilla, la série revient sur un événement marquant de l’histoire espagnole : le braquage spectaculaire de la Banque centrale de Barcelone en 1981. Une histoire rocambolesque mêlant drame, politique, et suspens, à laquelle Netflix a ajouté une dose de fiction pour séduire le public international.Ainsi, Opération banco centrale prend la forme d’une fiction en 5 épisodes produits par Brutal Media qui ont eu l’occasion de proposer sur Netflix quelques fictions intéressante dont Bienvenido a Eden, le book club mortel ou encore Je t’aime, imbécile.
Synopsis : Barcelone, 23 mai 1981. Trois mois après la tentative de coup d’État du colonel Tejero (le tristement célèbre 23-F), onze hommes cagoulés investissent la Banque centrale, prenant plus de 200 personnes en otage. Leur objectif initial, subtiliser une fortune, cache une ambition politique bien plus inquiétante : faire pression sur le gouvernement pour libérer les meneurs du coup d’État.
Au cœur de cette intrigue, une jeune journaliste ambitieuse, Maider (María Pedraza), voit dans cet événement l’opportunité de lancer sa carrière. Avec son mentor réticent, Berni (Hovik Keuchkerian), elle se retrouve plongée au cœur d’une prise d’otages historique, entre danger immédiat et enjeux politiques.
Un décor des années 80, une histoire dans l’Histoire et un rythme effréné, tels sont les éléments clés d’une série qui joue partiellement sur la mémoire collective des espagnols.
Une histoire vraie racontée par des anciens de la casa de papel
Opération Banco Central s’inspire d’un événement marquant qui résonne encore dans la mémoire collective espagnole : le braquage spectaculaire de la Banque centrale de Barcelone en 1981. Le 23 mai, un jour qui semblait ordinaire, prend une tournure dramatique lorsqu’un groupe de onze braqueurs lourdement armés et cagoulés fait irruption dans l’établissement bancaire. Leur objectif ? Détourner une somme colossale en ouvrant les coffres-forts, tout en prenant en otage plus de 200 personnes, dont des employés et des clients de la banque.
Pendant 37 heures, les braqueurs se retrouvent au cœur d’un bras de fer complexe avec les autorités. Les négociations sont délicates et captivent l’attention des médias espagnols, qui couvrent l’affaire en temps réel. L’opération policière se soldera finalement par l’arrestation des braqueurs, mettant un terme à une situation qui aurait pu tourner à la tragédie.
Mais ce braquage dépasse le simple fait divers : il s’inscrit dans un contexte politique particulièrement instable. Trois mois après la tentative de coup d’État du 23 février 1981 (le tristement célèbre « 23-F »), l’Espagne est en pleine transition démocratique. Les tensions politiques influencent l’interprétation de ce braquage, perçu par certains comme une tentative de déstabilisation orchestrée par des nostalgiques du régime franquiste.
La série de Netflix reprend cette base historique mais la revisite en y intégrant des éléments de fiction pour renforcer le drame et l’épaisseur des personnages. Si l’essentiel de l’intrigue reste fidèle à l’événement, certaines libertés narratives ont été prises, modifiant ou omettant des aspects historiques. Ce choix, bien qu’efficace pour captiver un public international, a légèrement perturbé les spectateurs espagnols familiarisés avec les détails du braquage et son contexte politique.
Un casting familier, héritage de La Casa de Papel
Pour donner vie à cette histoire fascinante, Netflix s’est entouré d’un casting de renom, avec plusieurs visages bien connus des fans de La Casa de Papel. María Pedraza incarne Maider, une jeune journaliste intrépide, encore naïve, qui voit dans cet événement l’opportunité de sa vie. Aux côtés d’un reporter aguerri mais désabusé, interprété par Hovik Keuchkerian, elle plonge au cœur du braquage pour couvrir une affaire aussi spectaculaire que risquée.
Miguel Herrán, lui, reprend un rôle de braqueur, un registre qu’il maîtrise à la perfection depuis son interprétation dans La Casa de Papel. Fernando Cayo, autre visage familier de la série culte, complète ce trio d’acteurs en incarnant un personnage clé dans la gestion de la crise.
Le reste du casting est tout aussi prestigieux : Isak Férriz, Roberto Enríquez et Tomy Aguilera apportent chacun une touche unique aux personnages secondaires, enrichissant une intrigue déjà complexe.
À ce stade de l’article, Opération Banco Central est donc une série basée sur un fait réel qui met en avant un braquage historique racontée par un casting 5 étoiles, mais alors pourquoi a t’on si peu parler de la fiction?
La critique de la rédaction :
Sur le papier, Opération Banco Central avait tous les atouts pour s’inscrire dans la lignée de La Casa de Papel : un casting de renom, une histoire vraie fascinante et un contexte historique intrigant. Mais pouvait-elle vraiment rivaliser avec la fiction espagnole la plus célèbre au monde ? Comparée dès sa sortie à son illustre prédécesseur, la mini-série n’a malheureusement pas su faire le poids.
Le principal reproche tient à son incapacité à maintenir la tension et le drame indispensables à une série de braquages. Si l’intrigue est posée rapidement, la narration s’éparpille, et le spectateur perd peu à peu le fil. Le parti pris de filmer à certains moment comme un documentaire aurait pu être un atout, mais il se révèle ici un point faible. Le manque de profondeur accordé aux braqueurs en tant que personnages complexifie l’attachement émotionnel. Leur motivation reste floue, et leur humanité est peu explorée, ce qui empêche une réelle immersion.
L’un des aspects les plus critiqués est l’insuffisance de contexte historique. Bien que les événements de mai 1981 soient gravés dans la mémoire collective espagnole, Netflix s’adresse à une audience internationale. Or, sans une recontextualisation claire des enjeux politiques et sociaux de l’époque, il devient difficile pour un spectateur non averti de saisir toute la portée de l’histoire. Au final, il aurait été plus judicieux de se focaliser sur l’aspect politique plutôt que de la présenter comme une série sur un braquage ce qui aurait permis de comprendre les enjeux et le contexte dans lequel l’Espagne se trouvait à cette époque.
Ce manque de profondeur historique et narrative nuit à la série, qui ne parvient pas à exploiter pleinement son potentiel. Là où La Casa de Papel brillait par ses personnages charismatiques et ses rebondissements haletants, Opération Banco Central peine à instaurer un sentiment d’urgence ou d’émotion, pourtant essentiels à ce genre de récit.
Le seul véritable point fort de cette série réside dans son casting. Les acteurs livrent des performances remarquables, apportant profondeur et intensité à leurs rôles. Maria Pedraza brille dans son interprétation de jeune journaliste intrépide, tandis que Miguel Herrán et Hovik Keuchkerian ajoutent du poids à leurs personnages. Malgré cette qualité d’interprétation, cela ne suffit pas à compenser les lacunes du scénario et de la mise en scène.
Pour les passionnés d’histoire, de crime et de récits ancrés dans des faits réels, Opération Banco Central reste une curiosité à découvrir. La série retrace un événement marquant de l’histoire contemporaine espagnole et tente de lui rendre hommage en mêlant drame et contexte politique. Cependant, les amateurs de La Casa de Papel risquent d’être déçus : ils n’y retrouveront ni le charme, ni les rebondissements haletants de la série culte qui a marqué les esprits à l’échelle mondiale. Rendez-vous sur Netflix pour vous faire votre propre opinion.